Questions
de longueurs.
L essentiel des connaissances
nécessaires et utiles pour des applications typiquement radioamateurs est
disponible dans de nombreux ouvrages et articles réalisés au cours de ces
cinquante dernières années par des auteurs dont le sérieux ne peut être mis en
doute, pour autant qu ils aient été compris.
Toutefois,
l écoute de certains QSO confirme l
intérêt de rappeler sans longue démonstration quelques principes établis
dont la connaissance ne pourra qu être profitable aux
nouveaux radioamateurs non spécialises, mais néanmoins curieux.
Le
radio amateurisme après la CB est devenu un march2. Essayons de conserver un
minimum de jugement critique face aux informations de plus en plus abondantes
qui se propagent de plus en plus vite mais qui sont de moins en moins
vérifiées.
Les
rumeurs sur les câbles coaxiaux font partie de ces nombreux mythes sur les
antennes qui renaissent régulièrement de leurs cendres…
Les
informations fournies ci-dessous sous forme de questions réponses sont
condensées et se réfèrent à quelques notions déjà développées dans des articles
ou ouvrages cités en annexe dans le bibliographe.
QU
EST CE QU UNE LIGNE DE TRANSMISSION ?
C est le lien qui réunit l émetteur à l antenne, celle-ci
étant de préférence située dans un endroit dégagé de tout obstacle. On lui
demande essentiellement de transporter de la puissance HF avec un minimum de
perte et sans rayonner. Il faut correctement dissocier l
antenne rayonnante de son moyen d
alimentation. Beaucoup d amateurs font l erreur de confondre la ligne de transmission avec l antenne.
QUELLE
EST LA MEILLEURE LIGNE DE TRANSMISSION ?
C est celle qui convient
le mieux à l installation envisagée et aux
possibilités offertes. La ligne bifilaire isolée par air(échelle
à grenouilles) est celle qui procure le moins de perte. De ce fait, elle permet
d obtenir une meilleure transmission d énergie dans le cas dans le cas de système
particulièrement désadapté avec présence d un fort
ROS, comme par exemple les antennes multibandes de
types dipôle non résonnant ( levy,G5RV, center-fed ou autre désignation du même principe). La ligne
coaxiale est la plus pratique, mais elle présente quelques inconvénients ( pertes, comportement en présence de ROS). Insistons sur le
fait que n'importe quel type de ligne de transmission peut être utilisé avec
n'importe quelle antenne si les mesures nécessaires pour aboutir à un couplage
des deux sont prises. La ligne peut être adaptée ou désadaptée. Ce dernier cas n est absolument pas un problème si les évènements
concernés ( émetteur, ligne et antenne) peuvent
supporter les modifications de tensions et d intensités qui en résultent.
QU
EST CE QU UN CABLE COAXIAL ?
C est une ligne de
transmissions composée de deux conducteurs concentriques isolés l un de l autre, l âme et la tresse. Le champ électromagnétique produit par
le courant qui circule dans l âme centrale est
compensé en chaque endroit par le champ égal opposé produit par le courant qui
circule en sens opposé sur la surface intérieure de la tresse. À cause de l effet de peau, tendance des courants HF à circuler sur la
surface d un conducteur d autant
plus facilement que la fréquence est élevé, ce courant ne pénètre pas
suffisamment loin dans la tresse pour apparaître sur la surface externe,
celle-ci se comportant alors comme un blindage externe.
POURQUOI
UN CABLE COAXIAL RAYONNE-T-IL PARFOIS ?
Normalement
cela ne devrait pas se produire. Si le câble coaxial rayonne, c est qu il se comporte comme une
antenne, c est à dire comme fil conducteur parcouru
par un courant. Ce courant, généralement appelé courant de gaine résulte
principalement d un défaut de symétrie dans l installation. Le câble coaxial est soumis au rayonnement
de l antenne de manière non équilibrée et un courant
électrique circule sur la partie externe de la tresse. La situation est alors
équivalente à celle d un câble coaxial le long duquel
serait disposé à l extérieur un troisième fil d antenne. Celui-ci est totalement
indépendant du fonctionnement normal de la ligne de transmission, quel que soit
le type de celle ci, qu
elle soit adaptée ou non et qu elle soit le siège d ondes stationnaires de forte amplitude ou non.
QUELLES
SONT LES CONSÉQUENCES DE LA PRÉSENCE D UN COURANT DE
GAINE SUR UN CABLE COAXIAL ?
Il
peut permettre la réalisation de QSO dans des directions imprévues.
Il
détériore le lobe de rayonnement de l antenne en
ajoutant un élément à celle-ci.
Il
fausse toute mesure de ROS résultant de l antenne
principale.
Il
va à l encontre de l éloignement
de l antenne des appareils susceptibles d être perturbés ou générateurs de perturbations (ce sont
quelquefois les mêmes…)
Il
laisse supposer la possibilité de réception de signaux par l
antenne constituée par le câble coaxial et dont la une bonne partie sont
indésirables ( bruit et parasites locaux )
LE
COURANT DE GAINE CREE T IL DU TVI, BCI ET AUTRES PERTURBATIONS ?
Pas
plus qu une antenne filaire qui remplacerait le câble
coaxial et serait parcouru par un courant identique Le seul risque est lié au
rayonnement de HF à proximité des appareils en question Si le champ
radioélectrique ainsi reste faible et…si les appareils sont récents et
conformes aux normes actuelles, la probabilité de perturbations reste faible.
Toutefois, la cohabitation avec divers câbles dans des gaines techniques, ou le
passage à proximité de préamplificateurs TV/FM large bande en boîtier plastique
peut être source de problèmes.
COMMENT
S OPPOSER AU COURANT DE GAINE ?
On
peut le diminuer fortement dans le cas d antennes
symétriques alimentées en leur centre et disposées en espace relativement libre
sans influence notable de masses avoisinantes ou d un
sol irrégulier, si le câble coaxial s éloigne
perpendiculairement à l antenne sur une distance d au moins ½ onde. Plus généralement la méthode consiste à
éviter de soumettre la ligne de transmission au champ de l
antenne en la disposant dans les creux du lobe de rayonnement.
On
peut s s’efforcer d éviter que le circuit constitué
par le troisième fils et les divers fils de connexion à la terre ou au secteur
ne soit résonnant à la fréquence de travail, ce qui peut être assez difficile
pour une antenne multibandes. La méthode la plus
pratique pour désaccorder une ligne consiste à choquer celle-ci ( effet produit par une self de choc ) pour s opposé
au passage du courant indésirable. Les solutions les plus répandues pour
obtenir un fonctionnement relativement large bande en HF sont l enroulement sur quelques spires du câble coaxial au
niveau de sa jonction avec l antenne (peu efficace en
dessous de 14 MHz ) et l empilage
sur le câble coaxial, au point d alimentation de l antenne d de tores à heure perméabilité ( balun en courant de Walter MAXWELL.W2DU )
QU
EST CE QU UN BALUN FONCTIONNANT EN TENSION.
C est le balun utilisé pour alimenter les dipôles. Si les deux
moitiés de l antenne sont parfaitement égales et
équilibrées par rapport au sol, les courant circulant dans le balun sont égaux et de sens opposés et aucun courant
de gaine n apparaît sur le coaxial. Dans ces conditions le balun
en tension ( de bonne qualité ) permet d obtenir le même résultat qu un balun fonctionnant au courant. Mais il est difficile de
réaliser une installation parfaitement symetrique
ainsi qu un balun en
tension large bande performant, surtout sur les bandes basses HF
DOIT ON UTILISER UN BALUN DE
RAPPORT 1/1 OU 1/4 ?
Cette
désignation est souvent source de conclusion. Le balun
n a pas la fonction première d
être un adaptateur d impédances. Il est utilisé pour effectuer une
conversion symétrique/asymétrique correcte en équilibrant les tensions et ceci
peut éventuellement entraîner une transformation des impédances selon le
principe retenu. La plupart des antennes résonnantes et à alimentation
symétrique présent une impédance basse, ne dépassant pas généralement pas
300 +/- Jo ohms et certains sont voisines de 50/75 ohms. Les baluns en questions conviennent parfaitement pour cet
usage. Mais il s agit bien d
alimenter des antennes résonnantes, c est à
dire qui ne possèdent pas de réactif dans l impédance
présente a leur point d alimentation. Un balun balun classique basse impédance fonctionnant en tension ne
doit normalement pas être utilisé pour transformer une impédance de valeur
inconnue ( très basse ou très élevée) et qui contient presque
certainement un terme réactif non négligeable. Cette mauvaise utilisation,
pourtant très répandue, est source de problèmes souvent insoupçonnés ( pertes excessives, saturation des ferrites et émission de
produits indésirables ). Notons aussi que le rapport de transformation du balun en tension est rarement constant sur une large plage
de fréquences.
POURQUOI
TROUVE T ON PARFOIS DES CONSIGNES DE LONGUEURS DE CABLE A RESPECTER ?
Par
le passé certains radioamateurs conseillaient d éviter
d utiliser une longueur de coaxial multiple de ½ lamda mais au contraire de se rapprocher d un multiple impair de 1/4 lamda
afin de faire fonctionner correctement l antenne.
C était éventuellement méconnaître une partie du
fonctionnement des lignes de transmissions et des antennes ou tout du moins le
décrire de manière inadéquate avec le risque que l
information soit mal réutilisés. Une ligne de transmission ne fait pas
fonctionner une antenne. Cette dernière à des caractéristiques propres
indépendantes de la ligne qui l alimente, m ême parfaitement. Deux explications peuvent motiver cette recommendation. La première laisse supposer que l impédance présente au point d alimentation de l antenne n est pas égal à 50+/-Jo ohms et dans ce cas le câble
coaxial 50 ohms est désadapté avec présence de ROS. Une intervention sur la
longueur de la ligne peut entraîner une variation (souhaitée dans le sens de la
diminution….) du ROS mesuré. Malheureusement il s agit
du ROS mesuré et non du ROS réel, à cause des faiblesses du TOS-mètre
directivité).
La
deuxième résulte d une volonté de désaccorder la
ligne à titre préventif pour éviter l apparition d un courant de gaine en présentant à celui-ci une haute
impédance obtenue par des longueurs multiples impairs de1/4 lamda.
C est malheureusement sans compter avec les
modifications de résonances induites par des éléments extérieurs et des chemins
insoupçonnés vers la terre ( châssis de l émetteur, câble d alimentation,
connexions divers…) et cela n est pratiquement
applicable qu à des antennes mono bandes.
Remarquons
aussi qu une erreur est courante chez les adeptes de
longueurs spécifiques ; Celle de tenir compte du coefficient de vélocité
du câble coaxial dans le calcul de la longueur à utiliser. En effet, il s agit de désaccorder la ligne en tant qu
antenne et ce rôle est joué par l extérieur de la
tresse, c est à dire ce troisième fil
indépendant de la ligne de transmission réelle. Le seul coefficient de vélocité
à éventuellement prendre en compte est celui d un fil
unique isolé( environ 0.95 ) mais sûrement pas le
classique 0.66 des câbles coaxiaux.
QU
ELLE EST LA BONNE LONGUEUR DE CABLE COAXIAL A UTILISER ?
C est celle qui correspond
à la plus petite distance possible pour aller correctement de l émetteur à l antenne !
Cela permet de réduire d autant l
atténuation apportée à la ligne. Il n y a aucun avantage à utiliser une
longueur de coaxial plus importante que celle qui est physiquement nécessaire
pour réaliser une installation correcte. Ceci dans le cas d
une ligne adaptée ou presque. Par contre, dans le cas d une ligne désadaptée ce qui est complètement réserver aux
lignes ouvertes à très faibles pertes plutôt qu
au x câbles coaxiaux agir sur la longueur de la
ligne permet de modifier l impédance présente à l extrémité non chargée de celle-ci et de pallier les
déficiences d un système d accord en fournissant à
celui-ci une impédance qu il est capable de traiter.
La variation de longueur n a pas à dépasser une
longueur électrique de1/4 lamda (
longueur tenant compte cette fois du coefficient de vélocité ) . Le pire
consiste a cherché une amélioration du ROS en augmentant la longueur du
coaxial. Pour les adeptes de cette méthode , il existe
une solution moins encombrante qui consiste à remplacer la longueur
excédentaire par un atténuateur d au moins 10 dB ( le
plus est le mieux ) . Le ROS mesuré à la sortie de l
émetteur baissera, ce dernier sera satisfait ( le
ros-phobe aussi…) et délivrera sa puissance maximum.
Un peu de HF parvenant à l antenne
permettra sûrement de faire quelques liaisons… en QRP. Certaines antennes multibandes à faible TOS garanti fonctionnent selon ce
principe !
POURQUOI
FAIT ON VARIER LE ROS EN MODIFIANT LA LONGUEUR DU COAXIAL ?
C est une croyance
répandue, mais en partie fausse. Dans une installation correcte, la ligne
ne rayonne pas. Seule une légère diminution du ROS mesuré avec un TOS-mètre de
très bonne qualité se produit lorsqu on s éloigne de la charge pour se rapprocher de l émetteur et elle résulte simplement de l atténuation apporte par la ligne.
Par
contre, si le câble coaxial est le siège de courant de gaine, l antenne filaire complémentaire ainsi crée, connectée
entre le point d alimentation de l
antenne principale et la masse ( par l émetteur ) intervient dans l impédance
présente au point d alimentation. Toute modification
de la longueur de coaxial modifie la valeur de la charge connectée à la ligne
et entraîne une variation de ROS.
La
mesure du ROS dans une ligne et l intepretation des
résultats obtenus nécessitent un certain nombre de précautions et de prudence.
Beaucoup d erreurs et de courbes fantaisistes
résultent de la confusion effectuée entre la valeur du ROS indiquée par un ROS
indiquée par un TOS-mètre et la valeur réelle dans la ligne sous certaines
conditions. Attribuer ces valeurs au comportement de l
antenne sans discernement ne peut que déboucher sur des conclusions
erronées.
CONCLUSIONS ?
Une
bonne antenne de radioamateur se juge par la facilité avec l
laquelle les liaisons s enchaîne, en utilisant une
puissance raisonnable. Un bon système d antenne se
réalise en faisant la chasse aux pertes(bis…) Un bon
câble coaxial est un câble si cher qu il est sans
doute à faibles pertes et que son utilisation est soumise à des restrictions
draconiennes !
FRANCIS
FERON F6AWN
Texte
publié sur Mégahertz n°190 de janvier 1999.